Il existe une énorme différence entre être occupé et être productif. Dans certains milieux, c’est plus important d’être occupé que d’avancer les projets pour lesquels la compagnie embauche ses employés. Dans ces entreprises, les gens sont prêts à se battre pour préserver le statu quo.
Mais ça veut dire quoi “productif” anyway? Eh bien je pense que c’est évident que “productif” provient de “production”, mais production de quoi?
De valeur, bien sûr! Lorsqu’on est productif, on produit de la valeur. Et au travail, on n’est pas payé pour notre temps, on est payé pour la valeur qu’on apporte dans le marché.
La production de Valeur (V) est une fonction de quatre choses: la qualité de l’idée (I), le moyen de production (M), l’expertise (E) et le temps (T).
V = I * M * E * T
La valeur qu’on génère est déterminée par le multiple de chacun de ces facteurs. Comme pour n'importe quelle multiplication, si une des variables égale zéro (par exemple si on ne possède aucune expertise) il est impossible de produire de la valeur. Le même principe s'applique au moyen de production, au temps qu’on y investit ou à la qualité de l’idée ou du projet auquel on dédie nos efforts.
On peut donc optimiser chacune de ces variables une à une et, heureusement pour nous, chacune d’entre elles suit une courbe standard de diminution marginale.
Sur l’axe des x, on a le temps ou les ressources investies à améliorer une de nos variables et dans l’axe des y on a la valeur générée de plus en conséquence.
Ce que ça veut dire, c’est qu’il est très possible d’investir un minimum d’efforts pour chaque facteur et d’avoir un résultat exponentiel en retour.
Donc, pour être en mesure d’optimiser notre productivité, on doit s’assurer de travailler sur les bons projets (I), avec les bons outils (M), en ayant de bonnes compétences (C) et de se bloquer assez d’heures de travail pour avoir le temps d’avancer le projet (T).
On va s’intéresser principalement au I, au M et au T.
En 2015, la rémunération moyenne hebdomadaire au Québec était de 867,67 $. Pendant ce temps, un gars du nom de Phillip Ruffin gagne 820 000,00 $ USD par jour.
Je présume que M. Ruffin ne possède pas de machine à voyager dans le temps, mais si c’était le cas, il aurait dû vivre 4 725 fois la même journée en étant rémunéré au taux horaire moyen pour être capable de générer autant d’argent. Si on a tous 24 h dans une journée, alors comment est-ce possible que certaines personnes puissent générer autant de revenus?
Comme Peter Drucker l’a si bien dit: “Il n’y a rien de plus futile que d’accomplir efficacement une tâche inutile”.
La formule qu'on vient de voir implique qu’une idée est en fait un multiplicateur d’action.
Plus le projet sur lequel on travaille est important, plus chaque seconde qu’on y investit génère de la valeur. Le potentiel d’une idée est une fonction de deux choses: sa capacité à générer des revenus ou celle de réduire les dépenses. Il faut trouver une idée ou un projet qui va permettre d’accomplir un de ces deux objectifs-là.
Ceci étant dit, il est difficile d’avoir la perspective nécessaire pour générer ce genre d’idées lorsqu’on est employé — il manque la perspective qui vient avec les postes de direction. C’est pourquoi, en l’absence d’idée de génie, il est beaucoup plus simple d’aller prendre les idées des autres et de les mettre en action.
Probablement que ton patron possède ses propres priorités et qu’il a déjà un agenda à remplir. C’est donc une bonne chose de commencer par aller le voir en lui expliquant que tu désires occuper une partie de ton temps à avancer un projet à haute contribution.
Bien sûr, la façon d’approcher ce processus dépend fortement de la structure organisationnelle de l’entreprise. Parfois, il faudra d’abord communiquer avec un responsable des ressources humaines pour qu’il te dirige ensuite vers le bon gestionnaire avec qui discuter. Si c’est ce que tu souhaites faire, alors c’est important d’avoir le feu vert du responsable de ton département. Personne n’aime avoir l’impression de se faire passer “par-dessus la tête”.
Si c’est ton cas, il va d’abord falloir lui demander s’il a un projet en tête avec lequel tu pourrais l’aider. Si ce n’est pas le cas, alors tu peux simplement dire: “Est-ce que vous êtes d’accord si j’en parle avec Sylvie aux ressources humaines? J’aime ce que je fais ici, mais j’aimerais vraiment travailler quelques heures par semaine sur un projet qui me permettrait de contribuer à cette entreprise à mon plein potentiel”.
S’il dit non, fais-le quand même. Ça prend une piece of shit pour dire non à ça.
Apparemment qu’Abraham Lincoln a déjà dit: “Si j’avais 6 heures pour abattre un arbre, je passerais les 4 premières à affûter ma hache.”
La qualité des moyens de production a une importance démesurée sur la performance d’une entreprise. Je parle en termes de matériel (comme ton ordinateur, ton clavier, ta souris, tes écrans…), mais je parle également en termes de logiciels (comme ton CRM, ta plateforme de e-mail, le logiciel de gestion des tâches, etc.).
La façon la plus simple d’optimiser tes moyens de production est de cueillir les “low hanging fruits” en émulant Silicon Valley. Peu importe ton rôle au sein de ton entreprise, comment est-ce que ce rôle est rempli par quelqu’un qui travaille chez Google ou Facebook? Comment est-ce que les compagnies les plus avancées gèrent un workflow similaire au tien?
Si tu travailles sur un vieux portable Acer couleur “gris crasse” qui roule Windows XP et que tu check encore tes e-mails avec Outlook 2003, il est peut-être temps que tu fasses une “petite” mise à jour…
Premièrement, ce n’est pas une bonne idée de travailler avec un laptop. Ils sont plus chers et moins performants que les ordinateurs de bureau. Ensuite, il est primordial d’avoir deux écrans pour travailler, fais-moi confiance, ça fait toute la différence. Un bon clavier mécanique ainsi qu’une bonne souris ne sont pas à négliger non plus. Pour avoir la liste du matériel que je recommande, tu peux cliquer ici.
Une fois que tu as un ordinateur de pro, il faut t’assurer d’apprendre à travailler avec comme un pro. Il faut commencer à utiliser les raccourcis clavier, text expanders et macros/scripts pour réduire le nombre d’actions requises de ta part pour accomplir ton travail.
Ensuite, il faut s’assurer que nos processus de travail sont optimaux, et pour ça, il faut arrêter de vouloir faire des économies de bout de chandelle et investir dans de bons outils de travail. Les prochains paragraphes vont être un peu intenses, mais attache ta tuque parce qu’ils valent leur pesant d’or. Je vais te donner la liste des logiciels qui sont en tête de file pour chacun de leurs champs respectifs.
Je suis du genre un peu old school. Style “if it ain’t broke, don’t fix it.” Par contre, je suis aussi du type paresseux. Alors si tu me dis qu’un logiciel pourrait faire en sorte que je puisse prendre un scotch en regardant des vidéos de chats à la place de faire une tâche répétitive et ennuyante, tu peux être certain que je vais me casser la tête quelques instants pour comprendre et tester ce logiciel-là. Je sais que je suis jeune, que j’ai une certaine facilité avec les ordinateurs et que ce n’est pas la tasse de thé de tout le monde. Mais sais-tu quoi? Le but de ce livre est d’augmenter ta valeur et, avec l’époque dans laquelle on vit, une bonne partie de ça passe par la technologie. N’oublie pas, les Terminators vont venir voler nos jobs d’ici 10 ans! Mais pour te rassurer, plus on en fait, plus c’est facile.
Donc, la première chose qui me fait saigner des yeux lorsque je mets les pieds dans une entreprise, c’est de voir que la secrétaire utilise Outlook 2003.
Si c’est le cas, alors le premier low hanging fruit est de faire le switch pour Google Apps.
Il s’agit de la plateforme de Gmail que tu peux utiliser avec des adresses corporatives, donc qui se terminent par “@nomdedomaine.com” au lieu de “@gmail.com”. L’avantage, c’est que tu n’auras plus jamais à entendre les mots “serveur POP”, “IMAP” et “SMTP” de ta vie. Tu vas pouvoir avoir accès à tes courriels à partir de n’importe quel appareil, n’importe quand, sans avoir à configurer quoi que ce soit. Et puisque tu te sers des serveurs de Google pour envoyer tes mails, tu peux être certain que ça va toujours bien marcher.
En plus de Gmail, tous les employés vont avoir accès à la suite de logiciels Google comme Drive pour partager des documents, Docs pour remplacer Words, Slides pour remplacer PowerPoint et Spreadsheets pour remplacer Excel.
Ce qui est vraiment génial, c’est qu’on peut être plusieurs sur le même document en même temps et on voit ce que les autres font au fur et à mesure qu’ils écrivent. C’est l’outil parfait pour collaborer sur la création de documents.
Une fois que tout le monde est habitué avec la nouvelle plateforme, tu peux introduire une extension à Gmail comme HiverHq. Il s’agit d’un outil qui permet de créer des réponses préfaites accessibles par toute ton équipe, de délayer l’envoi de tes courriels, de savoir quand ton destinataire a ouvert son courriel (et combien de fois), mais le plus important, ça permet de partager et synchroniser les boîtes courriel.
Comme ça, tu peux faire en sorte que les courriels qui arrivent dans la boîte générale (habituellement Info@domaine.com) apparaissent également dans la boîte de toi et ton collègue par exemple. Et lorsque tu réponds, la réponse va également apparaître en discussion sous le message de la personne dans la boîte générale et dans la boîte de ton collègue. Vous allez également pouvoir vous assigner des courriels entre vous. Tout ça contribue à faire en sorte que la craque du divan reste bien propre et qu’on n’y perde pas de messages par inadvertance.
Un autre des aspects souvent négligés est celui des communications internes. Certains utilisent un groupe Facebook, si c’est le cas, vous êtes mieux avec Workplace. Il s’agit d’une installation de Facebook dédiée pour une seule entreprise. Mais dans tous les cas, je t’incite à t’intéresser à Slack, une plateforme de communication organisationnelle particulièrement intuitive et simple à implémenter. Tellement d’entreprises sont tombées en amour avec Slack qu’ils ont connu la plus grande croissance des logiciels B2B (business to business) de l’histoire.
Ensuite, comment gérez-vous vos projets? Si vous n’avez pas de plateforme de gestion de projet, ça vaut la peine de s’intéresser à des solutions comme Trello, Asana ou Hive Ce genre d’outils va vous aider à vous assurer que tout le monde sait ce qu’ils ont à faire et que les priorités sont claires pour tous.
Et si ton équipe de vente/marketing n’utilise pas de logiciel de gestion des clients (CRM: Customer Relationship Management) c’est à toi de penser à pousser dans le cul de ton boss pour qu’il utilise Active Campaign ou un équivalent. Essentiellement, ça permet de recenser les prospects de ton entreprise à la même place et de voir l’itinéraire des individus à travers ton site web et tes infolettres. Si tu veux, tu peux même utiliser un logiciel comme Inspectlet pour filmer tout ce qu’ils font sur ton site web.
Active Campaign est d’abord une plateforme de marketing par courriel. Tu vas donc pouvoir gérer tes infolettres et autorépondeurs à partir de là. Si ton
entreprise contacte encore ses partenaires dans des listes Outlook, ça va être le jour et la nuit!
Si tu t’occupes du service client et que l’entreprise n’utilise aucune plateforme spécialisée pour ce genre de tâche, tu peux aller voir Zendesk et Desk qui
sont présentement les plus évoluées sur le marché.
Peut-être que tu as à faire signer des papiers de façon récurrente dans ton travail. Ça peut être long d’attendre que tout le monde signe. C’est pourquoi, si tu n’utilises pas encore la signature électronique, c’est le temps où jamais de t’en servir. C’est devenu vraiment simple à utiliser, tant pour toi (qui crée le formulaire) que pour ton client qui doit le signer.
Puis, si tu travailles en comptabilité, sache qu’il existe également une foule de plateformes de loin plus efficaces que Simple Comptable ou Acomba qu’on voit dans 90 % des entreprises québécoises. Pour une solution complètement en ligne et abordable qui gère la comptabilité ET la gestion des payes, tu peux aller voir Quickbooks.
Bref, tout dépend du poste que tu occupes et du type d’entreprise pour laquelle tu travailles. J’ai nommé des logiciels administratifs parce que c’est ce que je
connais, mais dis-toi que peu importe ton travail, il y a moyen de rendre les choses plus rapides, plus simples et plus efficaces.
Cependant, lorsque tu parles de ce genre d’outil à ton équipe de gestion, il est possible qu’ils te répondent quelque chose comme: “Oui, mais ça coûte cher”.
Sais-tu ce qui coûte cher? Des employés. Ça me fait capoter quand je vois des entrepreneurs qui sont prêts à mettre 40 k$ pour un employé, mais qui n’osent même pas investir 2 k$ pour qu’il ait de bons outils avec quoi travailler.
La semaine passée, j’ai eu une date avec une belle rousse de 22 ans qui possède une franchise de restaurants de sushis. Je l’ai amenée au Buck à Trois-Rivières, mon restaurant préféré! Bref, le geek curieux en moi voulait savoir comment elle gérait son entreprise. Je me suis donc mis à lui poser une série de questions qui n’ont pas vraiment leur place dans un rendez-vous!
Comment fais-tu tes payes? Quel est ton logiciel de caisse? Avec quoi fais-tu ta comptabilité? …
Heureusement pour moi, elle n’a pas trouvé mes questions trop dérangeantes. En fait, elle m’a même avoué trouver ça agréable puisqu’elle n’a personne avec qui partager ces informations. T’sais, ce n’est pas le genre de choses qui intéresse les gens normaux!
Mais puisque je ne suis pas normal, je trouve ça extrêmement intéressant! Je me suis donc mis à creuser un peu.
Elle a commencé par me dire qu’une de ses tâches est de faire les horaires de ses employés à l’aide d’un document Excel monté par la compagnie mère. Elle doit ensuite effectuer les payes de ses employés à l’aide d’Acomba. Puis, à la fin de chaque journée, ils doivent entrer les chiffres de leur logiciel de caisse (Maitre’D) vers leur plateforme comptable (encore Acomba).
Malheureusement pour elle, elle ne peut rien changer à tout ça, car elle doit suivre les processus établis par la maison mère. Mais si elle était indépendante, elle pourrait réduire d’au moins 60 % le temps consacré à la création d’horaires en passant par une plateforme spécialisée (ex: Deputy). De cette façon, elle n’aurait plus besoin de s’occuper des payes puisque tout se ferait tout tout seul en connectant l’application avec Quickbooks Payroll. Et tant qu’à faire, pourquoi ne pas transférer toute la comptabilité sur Quickbooks? Elle pourrait mettre Maitre’D en lien directement avec Quickbooks pour que la synchronisation se fasse de façon complètement automatique.
Tout ce que je viens de dire peut sembler complexe et difficile à mettre en place, mais en réalité, c’est loin d’être le cas! Oui, c’est un changement considérable qui demande un bon temps d’adaptation. Mais une fois en place, on parle de sauver de 20 à 30 h par mois, ce qui représente environ 3 mois de travail complet sur toute l’année!
Trois mois, ça donne le temps de faire bien des choses..
On sait tous que le temps est une ressource limitée et qu’il faut faire attention à la façon dont on l’investit. Mais même si on sait tout ça, on est tous coupables de temps à autre de dépenser beaucoup trop d’heures à s’acharner sur des détails futiles et sans conséquence. Et on ne peut pas nous en vouloir, on a tous été élevés avec l’idéologie de la perfection...
Par exemple, les programmeurs (de manière générale) insistent pour écrire du code “élégant” qui utilise les dernières technologies et qui est le plus optimal et sans bug possible. La métrique que le programmeur utilise pour juger du degré de perfection de son travail est la sophistication de son code.
Mais dans la vraie vie, le patron se fout complètement de la méthode de travail du développeur. Tout ce qu’il veut, c’est que ça marche ET que ça coûte le moins cher possible! Dans ce cas, une solution “juste correcte” est en fait une solution parfaite (aux yeux du gestionnaire, a.k.a. celui qui signe le chèque de paye).
Puisque l’école ne nous enseigne pas à prendre le coût en compte, on présume que la note parfaite est de 100 %. Mais dans la vraie vie, la note parfaite est plutôt de 60 %.
Quelqu’un qui a eu la note de passage dans tous ses cours a le même diplôme que quelqu’un qui a toujours eu une note parfaite. Le résultat est binaire — réussite ou échec. Lorsque tu as 60 %, ça veut dire que tu as été capable d’atteindre le meilleur résultat possible (réussite) avec le coût (temps investi) le plus faible possible.
C’est un principe qu’on appelle le principe de la dose minimale effective (MED en anglais pour Minimum Effective Dose).
Par exemple, sous pression normale, l’eau bout à 100 °C. Si tu ajoutes encore de la chaleur, l’eau ne va pas être “plus bouillie” — tu fais juste perdre de l’énergie qui pourrait être mieux utilisée.
Bref, tout ça pour dire que, même si c’est contreintuitif, le temps investi suit également une courbe de diminution des retours et c’est possible d'augmenter notre production en limitant le temps alloué aux tâches qui suivent le principe de la MED.
Je crois sincèrement qu’on est présentement témoins d’une épidémie grave où les symptômes principaux sont l’incapacité d’apprendre par soi-même et la compulsion à vouloir tout déléguer. Tout le monde veut dire quoi faire, personne ne veut exécuter. Et l’excuse principale pour ne pas agir? “Je ne sais pas comment faire”.
Si les gens atteints de cette maladie n’ont pas l’impression d’être en mesure de compléter 100 % de la tâche, ils n’osent même pas commencer. Ils vont
procrastiner jusqu’à la dernière minute et se plaindre qu’on leur demande des choses sortant de leur définition de tâche dans l’espoir d’éviter complètement
d’avoir à le faire.
Ça prend beaucoup de courage pour s’examiner et s'auto diagnostiquer, mais si tu penses être atteint de cette affreuse maladie, alors il va falloir t’administrer
l’antidote: le “just in time learning”; il s’agit d’une expression populaire à Silicon Valley qui signifie en bon français “apprentissage juste à temps”. Puisque c’est très laid à lire, on va se contenter de l’expression anglophone pour le reste de ce texte!
Le just in time learning implique qu’on ne s’intéresse pas au “comment” de l’accomplissement d’une tâche avant d’y être complètement obligé. Ça veut dire que, si on ignore comment compléter l’étape 6 d’un projet (par exemple), c’est interdit d’y penser avant d’être rendu à l’étape 6. Il ne faut pas “se préparer d’avance” et essayer de “tout comprendre avant d’être prêt”.
Ignorer certaines étapes de la création d’un projet nous pousse à procrastiner en nous donnant l’impression d’être submergés et d’en avoir par-dessus la tête. On se dit qu’on s’est embarqué dans quelque chose de trop gros et tout ça génère l’anxiété responsable de notre manque de productivité.
On essaie de voir et comprendre tout le projet, mais ça semble impossible de conceptualiser l’ensemble des implications. En d’autres mots, on a la face collée contre le cadre et on est incapable de voir l’image qu’on regarde. Tout ça nous décourage, alors on cherche à fuir en allant parler à un collègue du dernier vidéo de chat qu’on a regardé.
Le just in time learning nous évite d’être paralysé par l’anxiété. La phrase clef à se répéter est “On va traverser le pont quand on va arriver à la rivière”.
La raison pour laquelle je te parle de tout ça est que, comme tout le reste, les compétences que tu possèdes suivent une courbe de retours diminutifs marginaux et de la dose minimale effective.
Pour faire un site web, tu n’as pas besoin d’apprendre à programmer. Tout ce qu’il faut savoir, c’est que ça te prend un serveur, un nom de domaine et un gestionnaire de contenu (Wordpress). En 10 minutes, n’importe quel être humain fonctionnel est capable d’apprendre et d’exécuter la mise en ligne un site web.
Dans ce scénario, lire un livre sur la réseautique, la programmation ou le design représente une immense perte de temps, un peu comme si on essayait de faire bouillir “plus” notre eau. Le résultat est binaire: est-ce que le site est en ligne ou pas? Est-ce que la typographie est lisible ou pas? Est-ce que la disposition a du sens ou pas?
Alors que le projet est évalué selon une échelle linéaire et très souvent subjective (de très mauvais à très bon), les sous-tâches qui composent le projet sont évaluées selon un critère binaire (complétées et non complétées).
En d’autres mots, les choses sont beaucoup plus souvent complexes que difficiles. La complexité d’une tâche lui provient habituellement du fait qu’elle est composée d’une foule de sous-tâches individuellement très simples. Alors, lorsqu’on se sent dépassé, il faut simplement fragmenter la tâche en étapes et appliquer le just in time learning pour les compléter une à une.
Pratiquer le just in time learning dans son travail et la réalisation de projet ne veut pas dire qu’il faut arrêter toute forme de formation continue. Si le just in time learning suit la règle de la dose minimale effective, alors la formation continue suit la courbe des retours diminutifs marginaux.
Par exemple, lire TOUS les livres de développement personnel est beaucoup moins utile que de lire quelques livres de marketing, physique, biologie, gestion, vente et psychologie.
Lire ou apprendre sur des sujets différents chaque mois va non seulement te donner le meilleur ROI (de l’anglais Return On Investment, ou retour sur investissement en français) sur ton temps, mais ça va également te permettre de trouver des solutions et des idées plus créatives. L’innovation arrive souvent à l’intersection de deux champs de compétences (pour en savoir plus sur le sujet de l'innovation, ce livre de Frans Johansson est très intéressant.)
Que ce soit de façon formelle (comme un cours à l’université) ou informelle (comme écouter un podcast en allant au gym), c’est absolument crucial pour ton succès de cultiver l’habitude de vie d’apprendre sans cesse.
Le format (texte, audio, vidéo) importe peu, mais il faut tout de même faire attention à la qualité. Les blogues sont rarement de bonnes sources d’informations, c’est un peu comme les junk food de la littérature. Écouter les nouvelles et s’informer sur “la sphère culturelle” n’est pas non plus une bonne façon de s’instruire! Savoir que Joël Legendre s’est déjà crossé dans un parc ne va pas faire de toi une meilleure personne.
Les livres sont (et de loin) la meilleure source d’informations. Ça me rend fou de voir à quel point ils sont sous-évalués. Certains ouvrages, tels que Thinking fast and slow de Daniel Kahneman, représentent le cumulatif de travail de toute une vie de recherches et d’expérimentations. Kahneman, qui a maintenant 82 ans, a commencé sa carrière en 1961. Il a remporté le prix Nobel d’économie en 2002 pour la théorie qu’il explique dans ce livre. Ça lui aura pris plusieurs années pour mettre toutes ses idées sur papier. Tout ça pour qu’une équipe d’éditeurs professionnels repassent ensuite par-dessus, phrase par phrase, pour s’assurer qu’il soit le plus lisible et agréable à lire possible. Dire qu’on a accès à toute cette valeur pour la somme incroyable de 12,38 $, shipping gratuit sur Amazon Prime…
Si tu n’es pas le genre de personne qui aime lire (ce qui serait surprenant considérant que tu lis ceci) alors l’alternative est de te procurer les ouvrages par audiobooks en passant par Audible, le penchant audio de Kindle, une compagnie d’Amazon.
Ceci étant dit, ce ne sont pas tous les médiums courts qui sont à négliger. Il existe plusieurs podcasts intéressants, notamment celui de Tim Ferris où il interview des sommités mondiales telles que Peter Thiel, Arnold Schwarzenegger et Peter Diamandis.
Même principe pour les documentaires, certains sont simplement retardés alors que d’autres sont brillants! Certaines chaînes YouTube proposent également du contenu incroyable comme celle de VSauce où on répond à des questions telles que: “Est-ce qu’on voit les couleurs de la même façon”, “Quelle est la résolution d’un oeil” et “Quel est le poids d’une ombre”.
Malheureusement pour les unilingues, tout ce que je viens de nommer est disponible principalement en anglais. Si tu ne parles aucunement cette langue, alors je pense sincèrement que la première chose que tu puisses faire pour te former et augmenter ta valeur est de l’apprendre. Plus de 53,6 % du contenu rédigé sur le web est en anglais alors que le contenu francophone ne représente que 4,1 %.
On a vu dans cet article que la production de valeur (V) est une fonction de 4 choses: la qualité de l’idée (I), le moyen de production (M), l’expertise (E) et le temps (T).
V = I * M * E * T
La qualité d’une idée est certes importante, mais sans exécution, elle ne vaut rien. Il y a probablement déjà une tonne de bonnes idées qui traînent au sein de ton entreprise, il ne suffit que de les trouver et d’avoir la bénédiction d’un supérieur pour la mettre en place.
Puis, on s’est intéressés aux outils qu’on peut utiliser pour travailler plus efficacement. Peu importe ton rôle dans l’entreprise, tu peux être certain que c’est possible d’optimiser les processus dans l’objectif d’automatiser une partie de ton travail ou de compléter la même tâche en moins d’actions. On a parlé des différents logiciels que la plupart des entreprises auraient tout intérêt à utiliser pour être plus performantes.
On a ensuite abordé le sujet du temps. On a vu qu’il s’agit de la ressource principale dans une entreprise et qu’il faut le traiter comme un coût, une dépense. L’objectif n’est jamais d’avoir la solution parfaite, mais plutôt la solution fonctionnelle la moins coûteuse possible. La suroptimisation et la volonté de créer quelque chose de parfait sont souvent des obstacles à la création de valeur, surtout lorsque la tâche est binaire (complétée, non complétée) et qu’elle suit le principe de la dose minimale effective.
On s’est finalement intéressés au rôle des compétences dans la production de valeur. Lorsque tu réalises un projet, c’est important d’appliquer le just in time learning pour limiter la procrastination et t’empêcher de dépenser du temps inutilement.
D’un autre côté, on a également vu que c’est important de faire de la formation continue, que ce soit de façon formelle ou informelle. La créativité se produit à l’intersection de champs de compétences, donc c’est tout à ton avantage de t’instruire dans des champs très variés. Non seulement ça, mais l’apprentissage suit également la courbe de diminution marginale des bénéfices, donc lire quelques ouvrages dans une foule de champs différents va t’apporter une tonne de valeur.
Grâce à ce principe, lire un ouvrage dans un champ complètement nouveau ou inconnu s’accompagne habituellement d’une série d’épiphanies — des moments où on se dit “Euréka!” et où toutes les pièces du puzzle “cliquent” ensemble. Chaque fois qu’on ressent cette émotion, notre carte du monde, celle qui guide nos décisions et notre jugement des opportunités, devient un peu plus détaillée, un peu plus claire.
Le résultat? On choisit mieux les projets dans lesquels on s'investit, on perd moins de temps à tourner en rond et on gagne en productivité sans nécessairement travailler plus fort
Fin de l'extrait.